UN OISEAU INSOLITE - Poème et photos
Au mois de Juin,
Dès que les pluies ont définitivement cessé
Dans une région où, déjà, les précipitations sont rares,
Sur une terre commençant à se dessécher
Où seuls survivent les pins, les chênes,
Le maquis et la garrigue,
Un drôle d’oiseau apparaît dans notre ciel.
Il s’annonce par un profond vrombissement,
Il s’annonce de très loin,
Ainsi, il signale bien sa présence.
Le vrombissement se rapproche
Se fait assourdissant,
Et, si, par hasard,l’on se trouve dans son jardin,
A ce moment là, on ne s’entend plus parler,
Il faut juste attendre que l’énorme oiseau soit passé.
Il se rapproche,
Il vole bas, très bas,
On distingue très bien son corps jaune vif,
Rayé de rouge tout aussi vif,
Ses ailes bien larges,
Ses flotteurs.
C’est bizarre, ça, des flotteurs,
Pour un oiseau !
Il faut dire qu’il s’agit d’un oiseau un peu particulier,
Un oiseau un peu amphibie,
Un oiseau plongeur et largueur.
Si l'on y regarde de plus près,
On s’aperçoit, qu’en fait,
Il s’agit d’un avion,
Mais pas n’importe quel avion,
Il s’agit d’un bombardier d’eau,
Il s’agit du « Canadair »
Pendant toute la saison d’été,
Notre ciel va voir passer ses drôles d’oiseaux
En un ballet incessant.
Autour de l’Etang de Berre,
L’un des tout premiers lieux de ravitaillement en eau,
La navette est quasiment continue
Les jours de grands incendies.
Le canadair peut apparaître n’importe quand.
Alors on lève les yeux,
Et si l’on ne voit aucune fumée dans le ciel,
On essaie de regarder un peu plus loin
Pour distinguer l’endroit d’où le feu est parti.
Parfois, le feu a démarré en pleine garrigue,
Parfois, c’est à côté de maisons qu’il a pris,
D’autres fois, c’est tout près d’une ville,
Comme pendant l’été 2004,
Où tout le pourtour de notre ville a été touché,
Où nombreux de nos voisins ont du être évacués
Où pendant toute la nuit d’un nuage rougeâtre notre maison a été cernée.
Les pilotes de ces engins,
Sont des « cracks » du pilotage.
Qu’on n’aille surtout pas croire
Que pour piloter de tels « coucous »
Il suffise d’un pilote normal,
D’un pilote juste dans la moyenne.
Non ! Cette navigation requiert l’élite du pilotage.
Arriver légèrement chargé au dessus d’un plan d’eau,
Faire le plein de tonnes et de tonnes d’eau,
Tout cela par un vent frôlant souvent les 100 Kms heure,
Décoller avec cet énorme chargement,
Voler avec ce poids colossal,
Arriver au dessus du foyer,
De la fumée, des flammes, des turbulences,
Larguer d’un coup ces tonnes d’eau,
Et surtout, dégager, repartir le plus vite possible,
Se sortir du Mistral si violent,
Des tourbillons de fumée,
Du feu qui aspire.
C’est une gageure que peu d’hommes sont capables de réaliser.
Toutes les photos de cet article proviennent du net
Heureusement qu’ils sont là, d’ailleurs,
Ces hommes,
Car sinon,
Je ne donne pas cher de notre chère Provence.
4 JUIN 2009
Michèle Durand