SUR UNE TOILE DE YOUSHA LIU - Le retour de Vanessa

Publié le par Mirélie


Je décide de participer au jeu proposé par ECUREUIL BLEU

et démarré chez Lali
 
et repris par Armando Ribeiro
 

et  L'autre Jeu


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       Ma deuxième participation


Vanessa revenait habiter chez moi.

Après cinq années passées loin de moi dans le but de décrocher ses diplômes, ma fille réintégrait sa chambre, au sein de mon appartement. Les diplômes en poche mais pas encore de boulot, elle préférait revenir ici pour se libérer des soucis financiers et s’atteler à sa recherche de travail.

Cela perturbait quelque peu ma vie d’homme solitaire. Je m’étais si bien habitué à vivre face à face avec moi-même que ce nouveau partage de la vie quotidienne n’était pas sans me laisser perplexe et relativement inquiet.

Je connaissais trop bien le tempérament de Vanessa. Une fois sur place, la quasi-totalité  de l’appartement allait bientôt lui appartenir et tomber sous son autorité. J’avais été à la fois triste et heureux de la voir s’en aller cinq ans auparavant.

Et voilà qu’elle revenait, plus déterminée que jamais. Pas étonnant avec son DEA de Physiques, qui avait largement contribué à asseoir une autorité déjà bien installée !

Elle arrivait lourdement chargée. Plusieurs sacs et valises de vêtements. Ca, ce n’est pas étonnant. Je pense que toutes les femmes sont pareilles. Son ordinateur portable et surtout ………..deux énormes cartons de livres.

J’étais si surpris : - Mais, tu t’es mis à lire, toi, Vanessa, en plus de tes longues études ?

- Et bien, oui, Pa ! Ca m’a pris d’un coup. Un copain m’a prêté un bouquin un jour. Je l’ai dévoré et j’ai adoré. Alors, ensuite, pour me détendre, pour me distraire de ses études qui m’absorbaient trop, j’ai continué à lire. De toute façon, je n’avais pas de télévision. Je n’avais pas assez d’argent pour sortir souvent, alors la lecture m’a bien aidée. Et, tu vois d’ailleurs comme j’ai réussi ?

- Je dois dire que je suis tout à fait satisfait de tes résultats, Vanessa.

- C’est bien tout ça, Pa, mais il va falloir qu’on trouve une place pour tous ces bouquins. Je ne peux pas les laisser dans les cartons.

- Et pourquoi ne pas les laisser dedans ? Ca te gène en quoi ? On peut les mettre à la cave ou au fond du bureau.

- Ah ! Non, Pa. Pas mes bouquins auxquels je tiens plus qu’à tout à la cave ou dans les cartons dans le bureau. Je veux les sortir, moi, ces bouquins ! Je veux pouvoir les toucher, les regarder, les feuilleter et éventuellement les relire.

Voilà, encore la détermination de Vanessa qui se manifestait !

- D’accord, ma fille. Mais, on les met où tes bouquins ? Tu vois une place ici, toi ?

- Bien sûr, Pa, que je vois une place. Regarde, là, dans ta bibliothèque. Déjà, il y a de la place entre tes livres à toi, et en plus, tu vas me faire le plaisir d’enlever toutes ses vieilleries et on pourra mettre les miens à la place.

- Quoi ? Enlever Blake, Salinger, Zola ou Faulker pour mettre TES BOUQUINS ? Parler de vieilleries quand il s’agit de Proust, Kerouac ou Gide ? Ah ! Non ! Vanessa, jamais je n’accepterai cela !

Deux heures plus tard, je commençais à vider une grande partie de ma bibliothèque. Je regardais tristement mes auteurs talentueux et riches rejoindre le fond d’un carton qui allait partir dans un coin sombre de mon bureau. A leur place, Vanessa déposait un à un ses livres à elle, dont je me risquais vaguement à déchiffrer les auteurs : j’apercevais une certaine Emilie Plotomb, un certain Bertrand Werther, un autre Erwan Copen et un Michel Prichton ou un autre Marc Lavis, auteurs que je n’avais eu nulle envie de découvrir. Le choix de ma fille m’attristait vraiment. C’était bien la peine de faire d’aussi longues études si c’était pour en rester à ces auteurs de premier degré, à cette littérature de masse.

J’en étais à vider la dernière étagère, celle tout en haut de ma bibliothèque, quand tout à coup sans que je comprenne pourquoi, l’étagère s’éloigna du mur, les derniers livres semblèrent se précipiter sur moi. Salinger et Sartre ainsi que Emilie Plotomb, Werther et Copen semblèrent me sauter au visage.

Mon escabeau vacilla sous mon corps qui basculait en arrière et je m’écrasais sur le sol de mon salon, les livres éparpillés sur le sol et d’autres qui continuaient à me dégringoler dessus.

Je restais là, parfaitement immobile (en fait, je ne pouvais plus bouger), interdit, étourdi par la chute et le choc.

Vanessa se précipita vers moi, affolée et paniquée.

- Papa, ça va ?

- A peu près, mais je ne peux pas bouger.

- Papa, mes livres sur cette étagère, dans ta bibliothèque,  je crois qu’en fait ce n’est pas une bonne idée. Je les remets dans leurs cartons, je les ressortirai plus tard. Je vais te laisser avec tes grands auteurs, tes compagnons de toujours. Je crois qu’ils ne me pardonneront  jamais sinon.

- Ca y est, je recommence à pouvoir bouger. Allez Vanessa, on va tout ranger comme avant.

 

Michèle Durand

11 Mars 2010

Publié dans Jeux d'écriture

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Commenter cet article
S
<br /> Hum... vraie chute ou manipulation ? En tout cas, le papa a eu le dernier mot ! <br /> <br /> Bisous,<br /> <br /> Sandra <br /> <br /> <br />
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É
<br /> Cette version est sympa aussi, mais je préfère quand même la première ! Bisous et bonne soirée !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> J'ai voulu changer de style. Mais apparemment, le premier jet, la première inspiration serait la bonne ! La première est un peu "dure" tu ne crois pas ?<br /> Bisous<br /> <br /> <br />